Crambe cordifolia : faire chou blanc…

C’est à peine si je me rappelais qu’elle fleurissait cette grosse feuille de chou ! Depuis trois ans qu’elle est installée au fond du jardin, je m’inquiétais surtout de voir réapparaitre en début de printemps ses grandes feuilles. La crambe a été pour moi une alternative à la rhubarbe. Cette dernière se refusant à ma terre. Elle m’a fait également oublier mon obstination à avoir un Gunnera au jardin.

Il lui a fallu du temps pour s’installer complètement. Vivant dans la crainte d’une attaque fatale de limaces. Cette année, elle s’est développée à toute vitesse, prenant de court les mollusques, pour nous offrir pour la première fois une jolie hampe florale. Un nuage de lait ! Elle se plait dans un sol léger même un peu calcaire comme chez nous, elle aime la fraicheur. Elle résiste au soleil. En ce moment, elle atteint deux mètres de haut. Elle peut se développer assez rapidement en se marcottant d’elle-même. Ses grandes feuilles vous râpent un peu la peau mais rien de méchant.

Maintenant qu’elle a fleuri, après un petit temps de patience, nous allons nous délecter de son doux parfum de miel, parait-il.

Jardins partagés… vous donnent « Rendez-vous » !

Ce weekend a lieu « Rendez-vous aux Jardins ». Sarthe ou Mayenne, Orne ? Je ne sais vers quel horizon je dois me tourner ! En attendant, je vous invite à une visite virtuelle sur le blog Duo pour un jardin, primé par CôtéMaison. L’an dernier, je l’avais élu pour « Rendez-vous aux Jardins » avec perspicacité apparemment ! La promenade y est agréable, sur le blog comme au jardin des Vigneaux … Et vive la Sarthe !

L’article de CôtéMaison

Sambucus nigra ‘Thundercloud’

La réputation de robustesse du sureau n’est plus à faire. Un sauvageon s’est implanté « tout seul » près de la porte de la petite dépendance. Au jardin, il a fallu une importation de ma part d’un « bébé » de bord de chemin. Ceci pour l’espèce commune. Pour le Sambucus nigra ‘Black Lace’ au feuillage fin et découpé, après un coup de foudre dans un jardin de Saint-Céneri-le-Gerei, j’ai eu bizarrement plus de fil à retordre pour le bouturer ! Après en avoir fait une bonne dizaine de tentatives jusque dans les pots de plantes vertes à la maison, j’ai réussi à en faire raciner deux. L’un a déjà trouvé sa place auprès du jardin sec et de l’Eleagnus au feuillage métallique.

Olivier Galéa de la pépinière Sous un arbre Perché nous avait donnés un bon nombre de boutures de variétés diverses : feuillages doré, panaché… Sans résultats !

Finalement, à Courson, j’ai craqué pour la variété ‘Thundercloud’ déjà remarquée lors de notre première escapade aux Journées des Plantes au printemps 2013. Sa croissance devrait être rapide, il s’adapte à tout type de sol. En exposition ensoleillée, le nuage de fleurs roses en ombelles devient intense. Son feuillage est d’abord vert puis pourpre sombre. Aux Jardins de Calipso, il va se trouver à la croisée du petit jardin potager à encadrement de bois, du bassin et du massif dit « de Courson ». On compte sur lui pour un développement rapide afin d’en faire un point d’accroche à l’œil et de servir d’ombrage aux vivaces. Avec ses baies noires cuites, on pourra s’essayer à la confiture et même à la production de vin ! A condition que les oiseaux friands de ses baies ne s’en soient pas enivrés avant nous…

Courson, la ruche aux fleurs

Ca grouille de partout. Les alvéoles se remplissent à vue d’œil. C’est la nourrice au beau milieu du domaine de Courson. Ici on dépose, on retire une variété de plantes. « Tiens encore un Cornus ‘Venus’… Pas le plus beau des Cornus… ». « Des gazanias à Courson… ». Pourquoi pas, pourquoi pas ! Le thème de cette année était la biodiversité, alors pourquoi pas pourquoi pas ! Cependant, il semblerait que la plante vedette était le Thalictrum à toutes les sauces sur presque tous les stands. Et puis des incontournables tape-à-l’œil comme Salvia nemerosa ‘Caradona’. A moins que ce ne soit ce chariot plein de fuschias que Benoît me montrait avec insistance à la sortie ! « Quoi ? Oui des fuschia ! ». Venir s’acheter des fuschia à Courson, c’est certainement hype… Ha, d’accord, je vois ! Surtout quand c’est une commande pour Catherine Deneuve ! Cigarette au bec. La magie de Courson.

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Avec notre liste aux noms de plantes compliquées, nous en avons simplement peu trouvées ! Pourtant, Courson reste la référence, un peu bobo (surtout quand on voit le tarif de l’entrée) mais indéniablement le rassemblement sur un même lieu d’une multitude de pépinières. C’est notre troisième fois : on aimerait trouver notre perle rare ! Mais c’est aussi des retrouvailles : Sous un arbre perché, nos amis bretons d’adoption, « the » pépinière de collection de plantes d’ombre provenant du Japon. Puis, notre fidélité n’a pas d’égal pour Meers. Une petite infidélité tout de même avec le Jardin d’Adoué ou les pépinières Demoinet.

A Courson, Il faut savoir butiner sans avoir une idée bien précise de ce que l’on recherche. Au final, nous sommes rentrés sans le principal de la liste : pas d’Helenium ‘Rubinzwerg’, ni de Baptisia ‘Alba’, ni Selinum wallichianum, Melica ciliata, Andropogon gerardii (Baron Prairie Summer), encore moins Lysimachia barystachys ou  Stipa pulcherrima… Mais heureux de remporter quelques surprises : avec les conseils avisés de Fabrice (Sous un Arbre Perché), nous avons acquis notre premier Hydrangea serrata ‘Kurenaï ‘ possédant une triple attractivité d’abord une floraison blanche puis en fin d’été rouge cramoisi ainsi qu’un feuillage virant lui aussi au pourpre. Sans nul doute un beau sujet que nous avons hâte de voir grandir près de notre entrée de maison. Et puis Sous un Arbre Perché, il y a eu aussi Veronicastrum virgicanum ‘Fascination’ !

Chez Demoinet, nous sommes repartis avec, tout de même, un Helenium rouge ‘Baudirektor Linne’. La pépiniériste des Jardins d’Adoué nous a bien amadoués (lol) en nous déclarant : « Très bon choix, ce sont mes plantes préférées ! » devant notre sélection d’Eupatorium maculatum ‘Glutball’ et de Sanguisorba tenuifolia ‘Alba’. Nous voilà rassurés !

Mais la liste de nos envies ne s’est pas arrêtée là : Aruncus aethusifolius, Cirsium rivulare Atropurpureum, Salvia guaranitica ‘Black and Blue’. Enfin, nous avons voulu voler un bout des Pays-Bas en remportant dans nos sacs : un Penstemon au feuillage pourpre, un Astrantia major ‘Madeleine’ et succombant à la plante vedette le fameux Thalictrum ‘Splendide’ de chez Meers Vaste Plantenkwekerij. Bref, on s’est piqué une fois de plus à la folie de Courson, cette ruche en ébullition. « Splendide » !

Amour en cage

Côté déco, des nains de jardin plantés sur une bâche verte et entourés de galets blancs : on trouve ça trop top ! Si en plus, vous avez un reste de guirlande clignotante de Noël, faites-vous plaisir !

On préfère encore nos monticules faits par les taupes pour toute décoration ! Il est très difficile d’intégrer un objet d’art ou de déco au jardin, nous trouvons. Les plantes et certains beaux sujets de collection sont déjà une œuvre d’art en soi. Une statue en marbre ? Une basse-cour en fer forgé ? Des petits oiseaux en métal perchés sur une coupelle ?

Jusqu’à maintenant je m’étais permis d’introduire un cerclage en ferraille d’un vieux tonneau à cidre au beau milieu du jardin sec. Un exploit ! Dans un autre massif, ce sont des tessons de vieux pots en terre qui donnent le change aux plantations. Sous un des deux cerisiers, tinte la douce sonorité d’un carillon dans la brise légère. Plus loin, une boule en verre prise dans une spirale fait iriser les rayons du soleil, en suspension sous une aubépine. Ce sont des objets attentifs au langage de la nature.

Côté cour, où la nature est plus maîtrisée, l’an dernier lors d’une brocante nous avons ramené une vieille lessiveuse pour en faire un petit point d’eau où prêle et laitue d’eau feront de la résistance. Puis, l’idée me trottait d’installer une vieille cage à oiseaux comme une toile en relief témoignant de l’absurdité.  Qui ne connait pas les paroles de la chanson « Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux… » ? Avoir une cage sans oiseaux et ouverte, c’est s’interroger sur la dualité enfermement et liberté.

Nous avons eu la chance d’avoir en cadeau une superbe petite cage style année 60 toute en rondeur, profilée comme les caravanes de l’époque. Parfaite pour une invitation au voyage. Ouverte en permanence donc, elle sera un pied-de-nez. En toute liberté, les oiseaux pourront venir picorer miettes de pain ou boules de graisse comme au drive, et repartir aussi vite qu’ils seront venus squatter le lieu… Insolite !

Autres brèves – 15 mai : la guerre des galeries

Le pacte de non-agression vient d’être rompu. Les monticules de terre qui émergent de ci de là sur le terrain tel un bombardement ont eu raison de mon argument de défense : les taupes sont nos alliées contre nos ennemis premiers, les limaces !

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Armé de ma pelle-bêche et des fameux pièges métalliques, je suis passé à l’attaque. D’abord, j’ai ouvert au-dessus d’une taupinière afin de trouver la galerie. La galerie n’est pas toujours évidente à trouver n’étant pas forcément, d’une taupinière à l’autre, à la même profondeur. Ensuite, il faut poser les pièges rouillés par avance. Chose délicate pour moi ! J’ai dû m’y prendre à plusieurs fois car l’anneau métallique ne tenait pas entre les deux pinces, un vrai attrape-couillon si les deux pinces venaient à se refermer sur mes doigts ! Je ne préfère même pas penser à l’intensité de la douleur, celle que devrait subir en à peine une seconde le petit mammifère à la douce fourrure noire ! Bref après plusieurs essais, j’arrivai enfin à tendre mes pièges et à en positionner un à chacune des ouvertures de la galerie. La dernière étape fut de trouver un couvercle opaque pour éviter de laisser pénétrer la lumière et laisser passer l’air. Une grande soucoupe noire a fait l’affaire ainsi que quelques tuiles plates. Le décor de la bataille est posé. Nous ne voulons pas une extermination. Seulement, comme diraient nos amis chasseurs, une régulation. La taupe est un animal qui se reproduit bien vite. Autant de taupinières prouvent une nouvelle fois de la richesse en terme de biodiversité animale et végétale. A madame la taupe, nous lui souhaitons maints festins avant de rencontrer nos machines de guerre infernales…

Les Brèves – 15 mai : De l’attente à la rencontre…

L’attente. Le soleil alternait encore hier avec les gouttes de pluie. Ça va pousser. Les organismes vivants sont sur le point d’accoucher… A quelques jours de la mise bas de ma chienne Gaëlice, du branle-bas de combat et du foisonnement que va nous offrir la biodiversité des Journées de Courson, j’œuvre au jardin à la sélection non-naturelle : le désherbage ! Eh oui encore et toujours ! Je prélève des plantes au profit d’autres ! En plein massif dit « de Courson », j’essaie de prélever renoncules, chiendent et autres herbes tout en préservant des semis spontanés tels que les cosmos. Je suis en même temps à la recherche (désespérée ?) d’un semis du Rudbeckia ‘Prairie Glow’. Pour le moment l’avis de recherche reste sans réponse.

Ce matin, je m’apprêtais à enfoncer ma pellette sous les racines d’une « mauvaise herbe » quand je me relevais dans un sursaut ! Se dorait sur la terre réchauffée un lézard vert (Lacerta bilineata) ! Nous l’avions déjà croisé l’an dernier au beau milieu de la densité du chèvrefeuille. Il mesure à peu près 25 cm de long avec une longue queue. Il est vert fluo avec des points noirs sur le dos. Il fait le caméléon en se confondant avec le vert environnant. Apparemment, ce serait une femelle. Sans doute vient-elle de sortir de son hibernation de cinq mois qui s’achève fin avril. Peut-être va-t-elle elle aussi devenir maman en pondant pas moins d’une dizaine d’œufs.  Ce petit reptile généralement présent dans le sud de la France est protégé. C’est donc certainement une chance de le croiser dans son jardin ! Son habitat naturel est bord de chemins, talus, lisières de bois et prairies. Dans une végétation abondante. Je suis ravi qu’il ait choisi notre prairie ! Cependant, je préfère garder mes distances même en sachant qu’il n’est pas venimeux. Sa morsure est néanmoins  douloureuse. De plus, il ne vous lâche pas comme ça sauf on lui caressant sous la gorge ! Donc ce matin je n’ai pas voulu tester : avec un tuteur je l’ai gentiment fait fuir vers le choisya. Peut-être y a-t-il grimpé comme il sait si bien le faire en se fondant dans le feuillage. Espérant qu’il mange quantité d’insectes, coléoptères, mollusques, autres lézards… à défaut de se faire dévorer lui-même par son principal prédateur,  la couleuvre verte et jaune que nous ne sommes pas pressés de rencontrer non plus dans notre prairie si accueillante apparemment !

Lacerta

Les mains dans la terre, la tête dans les livres… ?

Les livres, c’est comme un bout d’éternité gardé jalousement. En opposition à la finitude des fleurs. Les savoir rangés sur les rayonnages de notre bibliothèque, c’est vaincre la décrépitude. C’est l’immuable. On ouvre, on ferme… On ouvre à nouveau.

J’ai envie de commencer par le début ! Les origines avec un petit livre très bien fait : Le Latin au Jardin – 1500 noms latins pour apprendre à parler plantes (couramment) de Diane Adriaenssen. On nous explique la classification inventée par Linné. On découvre que le nom nous renseigne déjà beaucoup sur la plante : son port, sa couleur, sa longévité etc. Avec une relation aux hommes, aux découvreurs-explorateurs, à la géographie et à l’Histoire ! Avec le nom des plantes, on se cultive ! Je vous donne un petit exemple qui nous fait voyager : le Sequoiadendron, arbre majestueux des Etats-Unis tient son nom de Sequoia « nom curieux (…) unique, dans la mesure où il commémore un Indien cherokee dénommé Sequoya (mort en 1843). Cet homme érudit inventa l’alphabet cherokee, servit de traducteur et fut considéré comme un grand sage par sa tribu ». Dans le post précédent, nous vous parlions de Clerodendron : « d’après la quantité et la qualité de l’extrait de cette plante, on pouvait avoir un bon remède ou un poison violent ; l’utiliser sans les connaissances requises était jouer sa vie au sort (du grec klêros, sort et dendron, arbre) ».

Le second ouvrage est l’indispensable Plantations, Nouvelles perspectives de Piet Oudolf et Noël Kingsbury aux éditions Ulmer. Il nous présente la vision du paysagiste hollandais Piet Oudolf. On y apprend à regarder la nature avant d’essayer de la recréer. Observer une prairie se fait en plusieurs étapes, le regard est attiré par une plante « tape-à-l’œil » répétée, en fait une multitude comme par exemple nos boutons d’or. Puis en y regardant de plus près on verra que la prairie est riche en variété de plantes plus discrètes et aussi de plantes qui mettent en valeur la plante répétée, ce sont les plantes matrices bien souvent des graminées, les herbes folles ! L’ouvrage nous dévoile, à l’aide de plans et de nomenclature de plantes vivaces, arbustives ou graminées, les techniques de l’élaboration d’un jardin naturaliste. Associer les plantes en pensant les massifs autrement qu’en blocs, autrement qu’en association de couleur, disposition par hauteur. C’est penser structure, plantes cramoisies, rampes florales desséchées… A lire absolument ! Pour son côté images, on vous conseille également aux mêmes éditions : Hermannshof, jardin expérimental sur le naturalisme situé en Allemagne.

Le Guide du Jardin Bio est le livre pratique pour créer, soigner, entretenir son jardin dans le respect de la nature. C’est bien plus qu’un livre, c’est un véritable outil. Comment désherber, combattre les maladies sans pesticides, comment faire son compost, comment et quand tailler, bêcher ne pas bêcher… autant de conseils pratiques utiles aux jardiniers amateurs que nous sommes ! Un ouvrage signé par Brigitte Lapouge-Déjean et Jean-Paul Thorez, spécialistes du jardinage bio.

Mon amour de la volubilité, l’exubérance, l’envahissement me pousse à vous citer Plantes grimpantes d’ Arnaud Travers et Didier Willery aux éditions Ulmer. Des fiches type reconnaissance des glycines, chèvrefeuilles, aristoloche, clématites, bignones, Akébia quinata etc etc. Pour un jardin aussi à la verticale ! et parfois parfumé !

Autre amour (au jardin l’infidélité est de mise !) : les graminées. Un petit bouquin sympa pour les reconnaitre et bien les cultiver : Les Dossiers Mon Jardin et ma maison.

Enfin, pour cette première page de Kesketuli la librairie, un petit livre à emporter dans la poche partout et surtout au jardin : les coccinelles à l’assaut des pucerons de Paul Ferris dans la collection Carrés de Jardin aux éditions Marabout. Les trucs et astuces de mémé recueillis dans ce mini guide très marrant qui ne fait pas de cadeaux aux limaces, moustiques, piéride…ou au contraire chouchoute hérisson, chauve-souris, l’incontournable coccinelle, protège et attire les abeilles, défend même madame la taupe ! Un petit livre mignon tout plein !

Clerodendron trichotomum

A deux jours de l’inauguration des Jardins de Calipso par les parents de Benoît, je vais faire une bonne place à cet arbuste-arbre donné par Paul, le papa !

Cet « arbre au Clergé », son surnom, est rare dans nos jardins pourtant il drageonne facilement et peut devenir envahissant dans de bonnes conditions. Il aime les terrains frais voire humides et le soleil. Nous lui avons choisi une bonne place dès l’entrée du jardin dans la continuité de la charmille et proche du point d’eau.

Cet arbre, nous l’avons rencontré dans un petit jardin du Vieux Mans lors des journées Entre Cours et Jardins. Il dégage un délicieux parfum en fleurs. En fait, il a plusieurs atouts : intérêt estival et automnal. Des boutons roses font épanouir des fleurs blanches qui elles-mêmes vont laisser place à des baies d’un bleu porcelaine.