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Chouette, elles sont là

Chouette, y es-tu ? Sur le chemin qui borde le jardin, le crépuscule s’installait dans mes pas. Soudain, au-dessus de ma tête, sortant tout droit des cytises, le vol silencieux d’un grand oiseau me frôlait. De grande envergure, avec un plumage brun strié de gris, qu’était-ce ? Un rapace, pensai-je. A peine la réflexion faite, un autre envol toujours aussi furtif traversait le ciel assombri.
Pas un bruissement de plumes ou de battements d’ailes, tout se fit dans un déplacement de fantôme. Rien ne m’effraya alors, bien au contraire je sentis monter en moi un sentiment de joie ! Et si le jardin était visité par des chouettes : Effraie, Hulotte ? Aucune certitude mais plein d’espoir !
Les jeunes quittent le nid pour faire des repérages alentour. C’est ainsi que l’on peut faire des rencontres diurnes inopinées. Les adultes, avec leur plumes couleur écorce, se confondent facilement la journée avec leur cachette arboricole. Ce sont donc des oiseaux très discrets. Lorsque ce soir-là j’ai vu ces deux oiseaux nocturnes, j’avais découvert une charogne de rat, sans doute devrais-je dire un reste d’arrière-train : les deux pattes et la queue. Coïncidence ?
« Effraie » viendrait d’orfraie qui désigne l’oiseau qui brise les os ! Ce rapace nocturne est donc un excellent prédateur pour les rongeurs qui ont envahi les Jardins de Calipso : mulots, campagnols et maintenant rats. Les chouettes, si elles s’installent dans une trogne alentour de plus en plus rare ou dans les vieilles dépendances des voisins, seraient-elles enfin le maillon fort qu’il manque désormais à l’équilibre de notre jardin ?
Alors, le soir au moment de me plonger dans le monde des rêves, l’esprit jouant au funambule entre clarté et obscurantisme, je tends mon oreille. J’entendrais dans le songe d’une nuit d’été le hululement ou la voix presque humaine, sinistre d’une Dame blanche… une complainte aux questionnements existentiels : hou, hou, où allons-nous ?

Plus d’infos grâce au Traité rustica des oiseaux du jardin chez Rustica éditions et à l’excellent article Prat !que Chouette… des chouettes de Jean-Pierre Fleury (http://www.pratique.fr/chouette-chouettes.html)

Le champ de l’albatros

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Parfois je m’élève…Les volutes de fumées nuageuses font de ces ciels marins, comme des crachats de Turner sur la toile. J’ai mis du bleu-gris aux volets et aux portes pour nous rappeler des ailleurs, peindre des marines.

Je t’imagine écrasé, la peau dans l’herbe haute. Deux heures à l’arrêt, objectif ciel. Soudain je te pense en albatros de Baudelaire, « exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l’empêchent de marcher ». Mais celle que tu guettes, de son bleu aux ailes, c’est celle qui attrape le ciel. La mésange bleue, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, se joue de ton regard inquisiteur de photographe s’engouffrant avec célérité dans le trou ovoïde et noir du nichoir. Tu t’étonnes encore de la voir emménager aussi vite dans notre nichoir fraîchement fabriqué et posé sur un piquet au fond des jardins de Calipso. Nichoir en contreplaqué marine et un toit en bleu ardoise ! Le photographe a ses moments de poésie maudite : attraper l’instant. Et puis à bout de patience, elle s’offre à toi et à ton objectif, la mésange bleue sur le trou de la façade de bois.

Côté cour, le théâtre n’est pas en reste. Il y a des matins où tu vois par la porte vitrée le bal des mésanges et du feu rouge-gorge (1) à la mangeoire : cage dorée pour nos amis les oiseaux car elle leur offre graines de tournesols, morceaux de pommes, boules de graisse pendant l’hiver, hiver qui s’achève… Un autre nichoir type boite à lettre (2) fixé sur une ouverture de l’atelier attend sa famille de mésanges bleues aussi.

En attendant, tu t’étonnes de la population piailleuse colonisant le rosier grimpant ‘Graham Thomas’ près de la petite dépendance. Tu t’habitues à les voir se disputer un bout de branche dans le frêne près du poulailler de la voisine. Sans en saisir tous les cris, toutes les nuances, les couleurs, sans en saisir les chants.

Le champ vaste d’entrevoir ce peuple, petit peuple d’insectes au sol et d’oiseaux dans les airs, qui hante les jardins.

Soudain, un illustre inconnu vient se poser brièvement sur le haut d’un des rondins de châtaignier, s’amusant de notre ignorance, de notre bassesse. C’est tout à coup ta part de rêve, ta part belle d’albatros. Un rougequeue peut-être… L’envol.

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Les oiseaux ont la liberté de l’insaisissable.

  1. « feu rouge-gorge » : cet hiver, nous avons posé des pièges anti-mulots pourtant protégés par des pots en terre cassés. Seulement, nous avons eu le regret de trouver « notre » rouge-gorge bêtement assassiné –par nos soins !- Depuis, toutes les tapettes ont été retirées…
  2. « nichoirs type boîte à lettre » : j’ai adapté le modèle proposé dans l’excellent ouvrage Le Traité Rustica des oiseaux du jardin aux éditions éponymes.

En image à la une, un pinson des arbres qui, en ce moment, se fait remarquer par son chant singulier.

Faire son nid (et observer)

Je n’ai jamais vraiment été volatile, comme je le dis souvent. Malgré le fait d’avoir eu dans mon enfance un couple de colombes dans une grande cage chez mes parents. Aux Jardins de Calipso, c’est la liberté qui prime. La haie qui nous sépare de la parcelle des voisins accueille pas mal d’oiseaux. Une haie bocagère constituée d’aubépines, noyers, ronces, noisetier, pruniers sauvages et frêne  offre une protection favorable à cette faune.

Malheureusement, nous connaissons très peu les oiseaux qui viennent habiter notre jardin. A part, les pigeons, moineaux, rouges-gorges et les hirondelles dans l’atelier comment les reconnaître et comment les inviter dans notre jardin ?

Parfois, j’observe un tout petit oiseau qui sautille de branche en branche sans en savoir le nom : qui est-il ?!

Nous aimerions en accueillir davantage. Notamment pourquoi pas des carnivores tels des faucons ou des chouettes ! Pour cela, je me documente un peu à l’aide du Traité rustica des oiseaux du jardin aux éditions Rustica. Il n’y a certainement pas de recette pour attirer les oiseaux dans son jardin cependant leur procurer le gîte et le couvert peut aider, non ?! Alors, il y a des bases : surtout pas de haies mono-végétales, il faut des haies libres avec de multiples variétés d’arbres et d’arbustes. Citons le sureau, l’amélanchier, le prunellier… Laisser quelques ronciers, un arbre mort, des tas de bois pour l’habitat entre autres. Laisser un coin de pelouse monter en graines, ne le faucher qu’une à deux fois l’an. Il faut un point d’eau. Nous avons le bassin mais le mieux serait d’avoir une petite mare avec  des berges en pente douce pour éviter les noyades ! Des abreuvoirs style soucoupes améliorées feront l’affaire à la fois pour la baignade et l’étanchement de la soif des petites bêtes à plumes.

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Pour se donner toutes les chances d’accueillir mésanges, rouges-gorges et tous les illustres volatiles inconnus, j’ai décidé de fabriquer des nichoirs avec l’aide du site de la LPO : deux type ‘boite à lettres’ (pas compliqué et traditionnel) et un nichoir spécifique pour accueillir une famille chouette consommatrice, je l’espère, de quantité de campagnols au déjeuner, dîner et même petit déjeuner si elle le souhaite !

Ah, au fait, vous piaffez sans doute, tout comme moi, d’impatience d’en savoir plus sur les oiseaux qui habitent déjà naturellement les Jardins de Calipso. Je vous invite à nous suivre  dans cette nouvelle rubrique ‘l’ornitho-coin’ avec photos à l’appui (on l’espère) durant cette nouvelle année au jardin. Bien entendu, nous vous reparlerons du fameux Traité rustica des oiseaux au jardin dans Kesketuli la librairie.

Comme vous piaffez vraiment beaucoup, je crois savoir que le petit oiseau qui sautille de branche en branche  serait un roitelet… Mais au royaume des plumes, le ramage peut être trompeur… Reste à avoir œil et oreilles à l’affût.