Il y a quelques temps maintenant alors que je parcourais la campagne sarthoise pour un emploi de recenseur de végétation chez ERDF, j’ai ressenti comme un écrasement de la nature laquelle reprenait vie après un dur et long hiver. C’était d’une violence inouïe cette exubérance.
Il parait que notre regard change sur le paysage quand on devient paysagiste. Notre regard devient celui d’un artiste. Il est vrai que l’on évolue : passer des pélargoniums en jardinières aux plantes vivaces et variétés de graminées est un grand écart. Il y a encore peu, je juxtaposais les plantes jusqu’à une… révélation !
J’ai toujours aimé les plantes volubiles. Les envahissantes. Celles qui se ressèment. Petits, chez mes grands-parents en Mayenne, on jouait sous les marronniers auprès de vieilles Peugeot laissées à l’abandon. La nature ayant repris ses droits. Les carcasses camouflées sous une végétation. C’était la friche. Petit, je me souviens des balades sur le chemin menant à la ferme Nogé avec cueillette de fleurs sauvages sur les bords des fossés.
Aujourd’hui, il est moins facile de retrouver cet univers. Le jardin au naturel. Première nécessité, le zéro phyto, à laquelle je m’applique sans relâche. Alors forcément cela implique paillage (avec tonte sèche, tapis de feuilles, cartons…), désherbage manuel (notre principale activité à vrai dire au jardin) ou bien l’acceptation de ces fameuses « mauvaises herbes », disons plutôt comme les savants « les adventices ». On l’aura compris, un jardin tiré au cordeau sans un brin d’herbe, ce n’est pas le nôtre !
Heureusement, depuis quelques années, il n’y a pas que de l’herbe ! Quoique pas mal de graminées tout de même ! Mais aussi des vivaces, plutôt des vivaces hautes. Les Jardins de Calipso manquent de verticalité. Une erreur. Lors de la création du jardin, il aurait fallu que je plante d’abord les arbres. L’ombre est une des clés, à mon avis, de la réussite d’un beau jardin. Alors, depuis deux ans, j’essaie de planter tout bêtement des arbres ! Pour en citer quelques-uns acquis dernièrement : Quercus phellos, Prunus serrulata ‘Accolade’, Magnolia x soulangeana. Ceux à venir, j’espère : Malus perpetu ‘Everest’, Pyrus calleryana ‘Chanticleer’. Ceux que j’ai bouturé : Sambucus nigra ‘Black Lace’, Pittosporum tenuifolium ‘Variegatum’, Liquidambar styraciflua.
Grâce aux Journées des Plantes de Courson auxquelles nous avons assistées l’année dernière, nous avons pu acquérir pas mal de plantes vivaces et graminées : Rudbeckia ‘Prairie Glow’, Veronica spicata ‘First Love’, Veronicastrum v. ‘Album’, Eupatorium ‘Chocolate’, Stipa gigantea, Eragrostis trichoides, Aster lateriflorus ‘Lady in Black’, Astrantia major ‘Ruby Star’, Salvia nemerosa ‘Caradonna’ (version printemps) ; Heuchera ‘Cherry Cola’, Heuchera ‘Peach Flambe’, Persicaria amplexicaulis ‘Orange Field’, Molinia ‘Ponts-de-Cé’, Stipa brachytricha, Echinacea ‘Green Envy’, Sedum, Aster… (version automne). Puis, nous en reparlerons, d’autres acquisitions aux Pépinières Lepage, à Daoust Pépiniériste et à la manifestation mancelle « Entre Cours et Jardins ».
Tout ceci pour dire que nous avons commencé un grand chantier de plantations au jardin. Seulement, toujours avec une superposition de plantes que l’on aime, souvent un seul sujet d’une variété. Erreur !
Sans le savoir, j’ai été toujours attiré par le jardin dit naturaliste. J’apprécie de me rendre à la médiathèque Louis-Aragon au Mans. J’avais effectué des recherches sur ce type de jardin, jardin naturaliste. Des noms se sont imposés : Gertrude Jekyll (pionnière), Christopher Bradley-Hole, Noël Kingsbury, Piet Oudolf (chef de file)… Plus tard, ma curiosité m’a poussé à lire en décembre dernier : Plantations, nouvelles perspectives de Noël Kingsbury et Piet Oudolf.
Ce livre a été un choc. D’une violence inouïe, d’un bonheur envahissant ! Aujourd’hui, j’ai hâte de revoir mes massifs. Ma pensée a évolué, la révolution est en marche. L’envie. Avec le printemps qui pointe déjà à la porte des Jardins de Calipso. La philosophie du jardin naturaliste, je vais la faire mienne. Et me conduire en bon disciple, cherchant sa propre voie.
Bref, ce livre aura été la révélation…sans doute jusqu’à la prochaine !