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Celle qui voulait devenir un caillou

Elle plie sous le vent. Sa tête violette cherche le sol. Une Verbana bonariensis du haut de son mètre se courbe.
C’est un petit jardin en carré, entouré de rondins de châtaignier, qui attendait de devenir. Seul un petit figuier peinait à combler l’espace. Nous voulions d’abord construire autour de lui une terrasse avec des lames de bois dans laquelle il aurait émergé comme dans un jardin contemporain miniature. Finalement, nous avons retenu une autre option : le jardin de gravier. Après le jardin sec où les Stipa tenuifolia se ressèment à profusion, nous avons voulu offrir au laisser-faire son terrain de jeu.
Contrairement au jardin sec où nous entretenons la dualité entre l’omniprésence du vide et le pointillisme des végétaux, le jardin de gravier est voué à devenir un support où l’on verra se construire l’œuvre de la Nature par elle-même. Nous lui donnons la page et les crayons. A elle d’en écrire les mots, tracer les lignes.
Cette idée de jardin sur gravier à germer, bien entendu en feuilletant Laissez faire ! (L’art de jardiner avec les plantes qui se ressèment toutes seules) aux éditions Ulmer, mais aussi en visitant l’été dernier le Jardin de la Grille à Durtal.
La recette : décaisser le sol jusqu’à 25 cm de profondeur, désherber, dans un sol lourd et argileux mettre du compost mélangé à du sable, dans un sol léger et sablonneux mettre un mélange de compost et bentonite, compacter le sol, ajouter le gravier (de préférence calcaire) sur une couche de 10 cm d’épaisseur, planter.
En ce qui concerne la bentonite, on peut en trouver dans les litières pour chat encore faut-il qu’il soit spécifié qu’elles sont non traitées. Nous avons renoncé pour notre part à en mettre.
Planter : de ci de là des pieds-mères qui feront des petits ! Nous avons opté pour des plantes vivaces appréciant le plein soleil et ne redoutant pas la sécheresse : un pied de Cephalaria gigantea disposé en arrière-plan, des Verbana bonariensis, un Nepeta tuberosa (Pépinière Le jardin de Bellenau acquis lors d’Entre Cours et Jardin édition 2015), une Succisella inflexa Frosted Pearls (Pépinière Ferdinandushof lors des Journées des plantes de Saint-Jean de Beauregard), un Limonium latifolium (Statice vivace que nous déplaçons de la cour trop ombragée pour lui faire prendre un bon bain de soleil) ; toutes éclatées dans le petit espace de ce jardin sur gravier. Il nous reste à y incorporer une belle graminée, nous pensons à un Deschampsia sans encore avoir fait le choix de la variété qui pourra, comme les vivaces sus-citées le feront certainement, se ressemer à loisir.
Attendre. Regarder.
Place à celles qui voulaient devenir des cailloux…